Guilde du chaos
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Baldur's Gate 2: Shadows Of Amn
Support : PC
Classification : RPG
Multijoueur : OUI (jusqu'à 6 joueurs)
Developpeur : Bioware Corp
Editeur : Black Isle Studios, Interplay
Site officiel : [..]
Prix de lancement :N/A
Date de sortie française : 10 novembre 2000


O toi, humble voyageur qui t'aventures en terre CHAOSienne, laisses-moi te narrer le jeu culte qui définit, que dis-je, qui fut l'acte de naissance de la guilde et qui fait que ce groupe improbable constitué de tarés mononeuronaux et incompétents est aujourd'hui solide comme un rock (non non Nadia, personne ne t'a appelé !) et continue de survivre contre vents et marées et qui…comment ? Des gens qui ne connaissent pas ce jeu existent encore ? Voilà qui est intolérable ! Ne fais pas un pas de plus, pose ton séant Jacquouille, et ouvre bien tes esgourdes !

***
Sorti courant de l'année 2000, l’œuvre fait suite à un premier jeu sorti un an auparavant et qui fut en son temps (et ce n'est pas une exagération) un véritable carton. Comme on ne change bien évidemment pas une équipe qui gagne, moult choses furent conservées, dont parmi les non moindres la trame scénaristique, reprenant quasi directement à partir de la fin du premier tome. Histoire que les quelques lamas qui débarqueraient ne soient pas complètement perdus, on va résumer brièvement ce qui s'est passé jusque-là. Il était une fois vous, enfant élevé jusqu'ici par un sage du nom de Gorion dans une demeure paisible dont l'existence sans histoires va basculer quasiment du jour au lendemain. Votre tuteur va en effet vous tirer du lit (et tant pis pour la grasse mat’ du dimanche !) et vous ordonner de plier bagages séance tenantes, sans autre explications que celle d'un grand danger qui va vous tomber sur le calecif de façon quasi imminente. Emmenant avec vous votre sœur Imoen, chapardeuse de son état, vous aurez la joie de voir peu après votre Gorion bien-aimé se faire changer en steak haché Charal par un gros vilain pas-beau du nom de Sarevok sans que vous ayez pu faire quoi que ce soit. Vous apprendrez plus tard que Gorion n'était pas votre père et que vous êtes en fait un des descendants du Dieu Bhaal, seigneur du meurtre, entité maléfique par excellence. Boh pas de panique, hein, ça arrive à des gens très biens ! Et que selon la prophétie, l'apparition des enfants de Bhaal accompagnera une ère de chaos et de destruction, que ça pourrait bien être une sorte d'âge noir voire d'apocalypse tout ça tout ça...ah oui, forcément vu sous cet angle c'est sûr que c'est un peu délicat. Malgré tout, après avoir vaincu Sarevok, votre frère (ça en fait des révélations !), vous auriez pu faire fi de tout cela et continuer votre existence nomade de lonesome cowboys avec vos copains sans autre forme de procès. L'ennui est que le destin en a décidé autrement: vous avez attiré l'attention d'un mage plutôt puissant, du nom de Jon Irenicus, qui aimerait grandement étudier votre cas et, si possible, s'emparer de vos pouvoirs. Vous voilà de ce fait enfermé vous et vos compagnons d'aventure encore vivants dans un donjon bien craspec où vous avez tout le loisir de goûter au sens de l'hospitalité de cet individu. Terrain qui, donc, constitue le point de départ de votre aventure, le décor est planté !

Un vrai enfant de la Bhaal !

On se fait chier dans les donjons !
C'est bien joli tout ça, mais vous, vous êtes qui au juste ? Non, je sais, un enfant de Bhaal etc, ce n'est pas le sens de la question, mais plutôt: quel personnage êtes-vous ? Moment d'intense émotion, c'est l'heure de vous donner naissance ! Incarnerez-vous une elfette (note de l'auteur: rôti sur paaaaaaattes !) lanceuse de sorts ou une montagne de muscles avec un QI de boys band ? Ce sera à vous de le déterminer avant toute entame à la partie, si par malheur vous n'aviez pas gardé votre personnage du premier volet (que l'on peut importer avec toutes ses caractéristiques). On remarquera que le processus de création de son moi virtuel s'est par rapport au premier volet étoffé par quelques ajouts. Par exemple, une nouvelle race est désormais disponible (le demi-orc, qui devrait ravir les gros bœufs de service) et si on retrouve les classiques niveau classes, celles-ci sont étoffées de spécialisations diverses, comme les écoles de magie pour les lanceurs de sort en chef, la possibilité de devenir « berserker » ou « tueur de mages » si on choisit la voie des armes ou bien « chasseur de primes » ou « assassin » pour les vils voleurs que vous êtes. Tout cela plus quelques autres paramètres comme le sexe, l'alignement (serez-vous un héros du peuple, un personnage trouble ou une vraie raclure de bidet ?), les caractéristiques (force, dextérité, endurance, intelligence, sagesse et charisme) pour lesquels vous pourrez répartir un nombre de points tiré au sort en recommençant autant de fois que vous le désirez, ce qui au passage donne lieu à quelques abus, (celui ayant la patience de recommencer autant de fois que nécessaire son tirage pouvant ainsi se constituer un moi virtuel à la limite du cheat codé). Puis les talents et votre nom et binette dans le jeu, même sa biographie si vous poussez le vice jusque-là (soit dit en passant, vous pouvez mettre y toutes les âneries que vous voulez ou vos fantasmes les plus inavouables, ça ne change quedalle au déroulement du jeu et à vos performances). Dit comme ça, ça pourrait sembler fastidieux tous ces paramètres à gérer: grâce à une interface limpide, claire et même des explications de texte dans une case pour tous type d'éléments, c'est d'une facilité sans faille. Un béotien n'ayant jamais été en contact des règles de donjons et dragons (utilisées dans le jeu) s'en sort tout seul comme un grand et sans aucun problème. Ou alors, il ne vous reste plus qu’à abandonner les RPGs et vous remettre à Space Invaders !

Il aurait pu penser aux croissants !

Et non, on ne tourne pas Blair Witch 3 !
Ca y est, c'est fait, vous voilà officiellement introduit (non, ce n'est pas sale !) dans le jeu ! Ca vous fait quel effet, jeune jouvenceau ? Une intense émotion, la curiosité de la découverte d'un monde nouveau, l’envie de faire des foliesde son coprs virtuel, je sais, je sais, c'est toujours comme ça la première fois. Bon, ce n'est pas pour faire le rabat-joie de service, mais à votre place je me ressaisirais vite. Parce que rester enfermé dans une cage à piafs à se faire torturer par un mage pas net,ce n’est quand même pas top comme situation. Coup de chance, ça ne dure pas: le donjon dans lequel vous avez été séquestré est la cible d'une attaque de bandits, forçant votre hôte à vous quitter. Finalement libéré par votre sœur Imoen, voilà le moment idéal pour aller faire (re)connaissance avec vos compagnons de cellule et de se faire la malle. On notera là précisément l'un des points forts du jeu: les PNJs qui le peuplent. Loin d'être des sprites sans saveur, vos collègues sont des personnages particulièrement typés, pour ne pas dire même de vrais phénomènes sociaux. Cela va de Minsc l'abruti inénarrable dont chaque intervention quasiment est une scène culte (rien que pour la libération, c'est déjà un moment de poilade !) à votre sœur Imoen au subconscient méchamment perturbé (remarquez, TOUTES les soeurs ont un subconscient perturbé, c'est scientifiquement démontré !) en passant par Jaheira la pète-sec, un gnome cinglé de navets, une gosse de riche, un djeun'z qui parle comme dans les romans à l'eau de rose j'en passe et des meilleurs. Outre leurs caractères bien trempés, accentué soit-dit en passant par un doublage au diapason (même en Français, les voix leurs vont comme un gant et les répliques d'action tuent), ceux-ci développeront des affinités et réactions directement conséquentes de leur alignement : un « gentil » sera ravi d'aider la veuve et l'orphelin alors qu'un « méchant » aura tendance à manifester sa mauvaise humeur et à ne pas blairer l'autre personnage d'alignement bon, voire même à lui expliquer fermement sa façon de penser entre gentilshommes. Ces dialogues ou apartés souvent bien délirants: outre Minsc, on mentionnera la “feud” entre le paladin coincé et le gnome à la moralité douteuse qui vaut son pesant de cacahouètes. Parfois, cela nécessitera même votre intervention lorsqu’ils leur piqueront de faire appel à votre impartialité légendaire ou quand il faudra être le réceptacle de leurs états d’âme, le panel de réponses relevant du consensuel, jemenfoutisme distingué ou soufflage de bronches qui calme bien. Mieux encore, certains cas conduisent même à des quêtes les impliquant personnellement, révélant au passage une autre facette de leur personnalité et leur donnant un peu plus de consistance. Bref, plus que du simple dispatching, la gestion de votre équipe s'apparentera quasi à des “ressources humaines” (enfin, “humaines” entre elfes, gnomes, hobbits et consorts...on se comprend). Que du bonheur en somme. . Que du bonheur en somme.

Regarder un Renoir et écouter du Beethoven en savourant des brochettes de gnolls


Lina Inverse sévirait-elle sur les mondes oubliés ?!
Niveau purement technique, il n'y a pour l'instant rien à reprocher: le moteur Infinity a par rapport au premier épisode été amélioré, permettant de supporter des résolutions graphiques plus élevées, de l'ordre de 800 par 600 si on s'en tient aux limites raisonnables, et au-delà en forçant un peu (mais avec un PC actuel, vous n'aurez aucun problème à faire tourner en 1024, alors lâchez-vous nom d'un Bhaal !). Les décors, faits “à la main” affichent un luxe impressionnant de détails et de couleurs, sans parler des effets météo: c'est de la 3D isométrique de haut vol qui nous est soumis là, il n'y aura aucune honte à de temps en temps de s'arrêter quelques instants, d'oublier de jouer un petit peu et d'admirer le résultat jusqu'à s'en péter la rétine. De relever les détails qui y fourmillent, que ce soient textes écrits non dénués d'humour, des saynètes, de joyeux anachronismes et de se demander comment ils ont fait pour penser à inclure tout ça. Puis de reprendre brusquement le cours du jeu parce que le gobelin qui vous tire dessus depuis tout à l'heure, même s'il n'a aucune chance de vous avoir, est quand même un peu lourd et qu'il faut savoir de temps en temps leur apprendre le minimum savoir-vivre : on ne dérange pas un esthète en période de contemplation, nom d'un hamster en rut ! Les effets de lumière et autres effets schbling schbling accompagnant les sorts ne sont pas en reste et feront de vos combats des scènes animées dans lesquelles on se défouraille dans la joie et la bonne humeur. Niveau bande-son, on atteint encore le top-niveau, les musiques étant pour la plupart des chefs-d’œuvre et collant admirablement à l'ambiance. Les bruitages, que ce soient les voix (on vous a déjà dit que les voix des personnages leur vont impeccablement bien ?), les bruits de coups ou certains effets sonores des décors renforcent d'autant plus l'effet d'immersion: ce n'est pas exagéré de dire qu'une fois rentré dans le bain, on est littéralement happé par l'ambiance qui ne vous lâche plus. Enième point fort, la jouabilité: que l'on manie une grosse brutasse à l'épée ou un magicien aux mille et un sorts, faire exécuter à son personnage les actions que l'on souhaite via l'interface simple comme un jeu d'enfant, que le cas échéant le tutorial n'aura aucun mal à vous faire maîtriser. Même un manchot myopathe n'aura aucun mal à invoquer une Wyverne et faire un toucher de la goule sur le dragon rouge d'en face en gardant deux doigts dans le nez en faisant le poirier (quoique, peut-être pas le poirier, ça le fait moyen de regarder le décor à l'envers).


Après une bonne ballade, rien ne vaut une bonne auberge !




Ca plus encore une foultitude de choses à dire mais dont l'étalage serait long, fastidieux, et quasiment tout aussi dithyrambique que ce qui a été mentionné jusqu'ici. Pour vous convaincre que ce jeu est un hit en puissance, on ne devrait avoir à vous faire un dessin.
Tuer n'est pas toujours jouer *soupir*
Ceci dit, au CHAOS, on est cruels, médisants, nous cultivons comme plaisir suprême celui du “cassage” et en forme renvoyons “Braïce de Naïsse” jouer à la terreur du préau en division Juniors. D’où problème: déjà trois pages sous word et que de l'étalage de qualité étalé en mode superlatif, ce n'est plus un test c'est du cirage de pompes (mérité !).
N'y a t’il donc vraiment pas une seule tare, un seul défaut qui puisse sauver notre audimat ? Il en irait presque de notre honneur, là !





Et là, c'est le drame...

La promeade de Waukyne, une fois sorti de taule !
“Rassurez-vous” quand même, il y en a, niarf niarf niarf ! Ca commence par un problème déjà présent dans le premier opus et que malheureusement ces fichus programmeurs n'ont pas pensé à corriger dans cette nouvelle mouture: les bugs de pathfinding. Il ne sera pas rare en effet qu'un des personnages de la fine équipe se foute pile poil là où il ne faut pas et gène de façon parfois surnaturelle le déplacement de tout le groupe. D'où des réorganisations à la sauvette, des défaites injustes et en multi (on reviendra dessus aussi) des scènes d'amour émouvantes du genre un orc verdâtre qui va expliquer à l'autre elfette dénudée là-bas armé de sa “diplomatie” habituelle ce qu'il pense sous la forme d'un “AODYYYYYYYYN ! POUSSE-TOI DE LA SI TU VEUX PAS MA CLAYMORE DANS LA GUEULE !” entre autres interludes du même genre. Mais il y a pire encore : le mode multijoueurs. Si Baldur's Gate 2 a le mérite de proposer cette option, il n'a pas été conçu dans cette optique...et ça se voit. Pas seulement du fait que l'on passe à côté d'une bonne partie de l'expérience du jeu en solo (tout ce qui est lié aux PNJs, par exemple), mais parce que, disons-le franchement: le moteur multijoueur est une honte ! Pour les misérables fous qui oseraient tenter l'expérience, la malédiction commence par des difficultés invraisemblables de connexion et, une fois enfin sur le serveur, un lag persistant malgré une bonne bande passante. Puis, Si par chance extrême vous avez survécu jusque-là, vous subirez le gros de l'attaque que le jeu avait malicieusement gardé pour vous: le carnaval des bugs ! C'est bien simple: au sein de la guilde, tout, oui, TOUT a été expérimenté: le kick fantôme, le freeze en pleine séance de baston rendant le joueur concerné complètement immobile pile poil au moment où on a le plus besoin de lui (sinon, évidemment, ce ne serait pas drôle !), le personnage qui se dédouble et devient invincible, ou bien qui selon le joueur se trouve à deux endroits différents et le rendant inamovible à la fois du serveur et du client qui le manipule (très rigolo, surtout quand les bugs de pathfinding reviennent par-dessus le marché), le click malheureux qui aboutit à un bon gros plantage avec, pour peu que vous soyez encore sous une version de windows suffisamment ancienne, ce très cher écran-bleu-de-la-mort-qui-tue-qui-fait-bien-peur. Et bien entendu, à la clé, l'inévitablement “reload”, ayant rarement été aussi utilisé dans le vocabulaire d'une communauté de joueurs. Un vrai supplice que même la Gestapo en grande forme n'aurait pas osé imaginer pour ses passages à la question. Allez savoir pourquoi, malgré tout, ici, on a continué contre vents et marées et avons réussi, après plus de deux ans (oui, deux ans) de pratiques à faire rôtir le père Jon en enfer et installé le trou...pardon, l'enfant de Bhaal sur son trône. Preuve que malgré tout le jeu reste éminemment prenant, ou qu'on est véritablement dégénérés du bulbe à tendance masochiste (je dirais les deux :) )

Preuve en est, que les tapis sont fabriqués à la main



Le bilan des courses


En résumé, Baldur's Gate 2 est un bon, un très bon jeu ma p'tite dame. Malgré quelques défauts somme toutes mineurs, il a tout pour satisfaire l'amateur le plus exigeant par un scénario classique (le coup du prodige semi-déique dont dépend la destinée du monde et comme de par hasard, c’est pour votre pomme alors que vous n’avez rien demandé !) mais ficelé impeccablement et avec son lot de quêtes secondaires bien trippantes, une ambiance véritablement énorme et une dose de loufoquerie appréciable. Un véritable mètre étalon pour les jeux soumis aux règles AD & D que même encore maintenant , il est indispensable d'avoir pratiqué pour tout amateur qui se respecte. Oui, là-bas au fond, si par malheur tu n'y as pas encore goûté, je t'ordonne de t'y mettre !

+ Scénario riche et impeccablement ficelébr
+ Les PNJs sont énormes
+ des répliques cultes (“Oooooh, tu es très futé toi. Ton intelligence égale celle de Bouh...parfois...”)
+ Une ambiance du tonnerre “Bhaalement” efficace se reposant à des décors et musiques hyper soignés

- Le moteur multijoueur est catastrophique
- Pathfinding parfois pénible








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